Jour : 26 septembre 2017

IRMA devaste

[MISSION AUX ANTILLES] Le récit de la bénévole niçoise engagée sur place

Des paysages dévastés, une population en détresse et des souvenirs impérissables, Ludivine Gharibian se souviendra longtemps de cette mission. Elle a passé 15 jours à Saint Martin avec le détachement Protection Civile en soutien aux populations. Voici son récit …

Je suis parti avec beaucoup de volonté en direction des Antilles sous le couvert de la Fédération Nationale de Protection Civile qui prend tout en charge. Parmi les 22 bénévoles sélectionnés, j’ai été choisie en raison de ma connaissance préalable des lieux et des langues parlées.

La première soirée est consacrée à apprendre à tous se connaître et à définir les objectifs de la mission. Je fais connaissance de notre chef de mission Yannick qui a l’habitude de gérer ses hommes. Je suis la seule fille …

À l’arrivée sur place, après un passage éclair sur la Guadeloupe, accueilli par Max, le président de l’antenne de Gwada, nous sommes confrontés à la réalité de la situation : une chaleur étouffante et des conditions de travail qui allaient être encore plus éprouvantes que ce que nous imaginions. Le terrain accidenté et jonché de débris. Les routes dégagées mais des milliers de taules et de gravats jonchent le sol, les toits sont complètement arrachés et les structures vrillées sur elles-mêmes. Le plus marquant était que tout semblait avoir brûlé, comme après un incendie. Tous les arbres étaient nus, plus une feuille et le sol était jaune, brûlé par le sel et le vent.

La population s’amasse au « check point » tenu par nos collègues Martiniquais, afin d’être évacuée sous des tentes de fortune en bâche, car en période cyclonique, il pleut plusieurs fois par jour. Les gens sont tous fatigués et en demande de nourriture et d’eau, mais surtout d’un avion. Ils ont envie de parler de leur histoire et de leurs ressentis. Ils ont tous le même message : heureux d’être en vie mais l’insécurité les fait fuir. Ils craignent les pillages plus que l’ouragan Maria qui arrive et qui nous aussi nous inquiète. Les gendarmes sont très présents sur l’île et la Sécurité Civile aussi. Nous travaillons main dans la main pour faire avancer les chantiers de déblaiement et le soutien aux populations. Notre installation est précaire en raison de la difficulté d’acheminement du matériel.

Les 2 premiers jours, les « garçons » et moi-même, sécurisons un entrepôt prêté par le propriétaire pour y dormir. J’ai la chance d’être partie avec des garçons de toute la France ayant des spécialités variées : couvreurs, maçons, électriciens, et quasiment tous anciens pompiers. L’armée nous a fourni des rations militaires. Ce sera notre repas pendant les 13 jours avec de l’eau potable. Des habitants nous prêtent alors 5 voitures et « un petit camion ». Gaël du 69 venu rendre visite à sa famille a mis à disposition le 19 tonnes de son père.

Notre mission première est le soutien à la population que nous faisons tous avec beaucoup de volonté: déblaiements d’écoles, de rues, de maisons, de ravines pour l’écoulement des eaux, réfections des toitures, soutien psychologique, montage de tentes militaires gonflables en collaboration avec le SDIS 77 et distribution d’eau à travers les rues.

Nous sommes également chargés de faire le déblaiement sanitaire de nourriture avariée pour éviter un problème sanitaire. C’est une mission éprouvante en particulier à cause de l’odeur.

L’ouragan Maria se précise et nous réussissons à trouver un logement sécurisé avec électricité et eau pour se rincer le soir : l’école Lamartine, dont la directrice nous a ouvert les portes dès qu’elle a appris la situation. Grâce aux relations que nous nous sommes faites sur place, Raymond, un habitant, nous offre la lessive tous les soirs.

Les gens sont heureux de trouver des Hommes de bonne volonté. Les habitant sont affamés et assoiffés mais ils nous offrent à manger et sont étonnés d’apprendre que nous sommes bénévoles et que nous avons tout laisser pour venir leur prêter main forte. Ce mélange de sourires et de soulagements à la vue de nos couleurs nous rappelle pourquoi nous étions là. La fatigue est présente et les tensions aussi. Les briefings de Yannick qui a su nous écouter individuellement chaque soir lorsqu’il juge cela nécessaire étaient bénéfiques.

Je retiens de cette mission une satisfaction. Je suis partie pour donner et je reviens en ayant gagner et grandi. Chaque sourire reste gravé dans ma mémoire. Je retiens aussi ces rencontres avec la population et les autres services de secours engagés mais également, cette cohésion quasi instantanée entre les équipiers venue de la France entière et même des DOM.

Je suis fière d’avoir été sélectionnée parmi ces garçons courageux. Nous sommes liés à jamais sur l’opération IRMA avec avec nos rires, notre notre sueur et nos blessures qui en valait la peine. J’ai hâte de repartir en portant fièrement mon uniforme de bénévole Protection Civile.

Ludivine est rentrée en France le 30 septembre, accueillie par ses collègues des Alpes-Maritimes avec dans sa besace, beaucoup de souvenirs à leur raconter.